Wilfrid Almendra
Wilfrid Almendra
Né en 1972, à Cholet, France.
Vit et travaille à Marseille, France et Casario, Portugal.
Dans le travail de l'artiste Wilfried Almendra, idées et matériaux sont inséparables. Son vocabulaire formel est issu de l'architecture, des formes et des surfaces avec lesquelles nous nous entourons. Les matériaux qu'il utilise proviennent le plus souvent de l'économie alternative, du troc et de l'échange. Ils mettent en tension des questions liées aux classes sociales, au désir de confort et à la capacité individuelle d'invention et de poésie trouvée au coeur des choses les plus normatives.
Son travail a bénéficié d'expositions personnelles au Palais de Tokyo (2017); à Fogo Island Arts, Canada (2016); à la Fondation d'Entreprise Ricard (2013).
Formation
2000
École des Beaux-arts de Rennes, Rennes
1999
École des Beaux-arts de Lisbonne, Lisbonne 1998
Academy of Fine Arts, Manchester
Guillaume Mensart : Quand tu présentes ton travail, il t’arrive de commencer par dire qu’avant d’être artiste tu as été entrepreneur. En quoi cette origine signe-t-elle une position, une manière de produire et d’envisager le travail, et ton rapport au monde de manière générale ?
Wilfrid Almendra : Tout d’abord, j’ai suivi une formation professionnelle. J’ai obtenu un CAP et un BEP, puis un bac professionnel en maintenance industrielle. J’ai une relation aux choses avant tout technique, c’est ce que l’on m’a transmis. C’est donc en partie dans la fabrication que se joue ma relation aux matériaux. Quand j’ai commencé ma pratique artistique,je m’appuyais beaucoup sur ce rapport à la matière et sur le pouvoir que j’avais à la transformer. Après, c’est vrai que je suis devenu entrepreneur quand mon père m’a cédé sa société. Si j’en parle, ce n’est pas juste anecdotique, mais parce qu’il y a dans l’entreprise un rapport au travail qui m’intéresse. Quand j’ai pris cette décision cornélienne d’entrer en école d’art, je me suis dit «je vais changer de tout au tout, je veux être artiste». Mais dans mon esprit, un artiste était quelqu’un qui travaillait comme un ouvrier. Quelqu’un qui se lève, embauche et fait ses huit heures... Je n’avais pas cette relation romantique à l’objet d’art. Cette manière d’envisager ma pratique à travers le travail fait encore partie de ma culture aujourd’hui.
GM : Il y a dans ton œuvre quelque chose de très subjectif, qui n’est pas seulement de l’ordre de l’affirmation d’un point de vue, mais qui tient aussi, de manière très concrète, dans les matériaux que tu utilises et qui sont souvent chargés d’histoires personnelles. Je pense par exemple au bois de châtaignier de ta maison familiale au Portugal dans une sculpture, au verre cathédrale que tu déploies dans plusieurs pièces récentes. L’origine de tes matériaux amène non pas du récit mais du réel. En quoi cela est-il important pour toi ?
WA : J’ai en effet utilisé du bois de châtaignier provenant de la porte de ma maison familiale au Portugal dans une pièce de la série Killed in Action (Case Study Houses) qui faisait référence aux premières expérimentations autour de la maison individuelle industrielle aux États-Unis. Le programme Case Study Houses a été lancé après-guerre. La revue Arts &Architecture avait diffusé un appel à projet auprès d’architectes tels que Richard Neutra, Pierre Koenig ou encore Charles et Ray Eames, les invitant à concevoir de nouvelles maisons individuelles, peu coûteuses, pouvant être répliquées facilement et suivant un cahier des charges préconisant l’utilisation de matériaux et de technologies développés pour la guerre. Ce programme a eu un réel impact sur l’histoire de l’architecture et plus particulièrement de l’habitat individuel. Pour la série, je me suis intéressé plus précisément aux dix projets non construits et j’ai réalisé non pas des maquettes mais des bas-reliefs. Killed in Action (Case Study Houses) parle d’une utopie du modernisme. Je voulais interroger le devenir de ces maisons en prenant en compte les mutations de leur environnement.
GM : C’est en ce sens que tu as utilisé des éléments marqués par le temps?
WA: La question du devenir m’intéresse. Cela implique d’utiliser des matériaux porteurs d’une histoire, comme par exemple des cache-poteaux recouverts de champignons qui proviennent d’une maison témoin laissée à l’abandon. Ces œuvres recèlent une mémoire. Le bois de châtaignier que tu évoques est directement lié à mon histoire personnelle. J’ai ramené cette porte d’entrée de la maison familiale en pensant à mon père qui très jeune a quitté le Portugal pour s’installer en France où il s’est acheté un pavillon dans lequel j’ai grandi. C’était alors une forme d’aboutissement pour lui.
GM Quel regard portes-tu sur l’industrie pavillonnaire ? Cette espèce de mépris ou de condescendance qu’on rencontre la plupart du temps quand il s’agit de tourner son regard vers ces territoires est complètement étranger à ta façon de l’appréhender...
WA : J'ai vécu dans ce genre d’environnement. J’ai vu ces maisons, je les ai éprouvées, utilisées, usées. Il n’y a rien de cynique dans le regard que je porte sur ces zones pavillonnaires et sur les gens qui les habitent. Je ne porte pas de jugement, je dirais plutôt que j’ai de l’empathie. J’ai utilisé des éléments provenant des premiers pavillons construits pour les ouvriers de l’usine Michelin à Cholet, qui à l’époque était le plus grand employeur de la région. Le temps et l’usure donnent une réelle qualité esthétique à ces objets et ces matériaux mais, si je les choisis, c’est d’abord parce qu’ils sont imprégnés de mémoire et de l’histoire ouvrière dont je suis issu. Les compositions de mes œuvres sont parfois très formelles, colorées, mais il y a toujours dans ces compositions un tas de réseaux souterrains. Tout cela est très poreux. Ce n’est pas explicite mais ces œuvres sont tendues par ces histoires.
GM : Peut-on dire que tes matériaux posent la question du politique ?
WA : En quelque sorte oui, la question politique est posée mais elle n’est jamais imposée. Je parle du monde ouvrier, de l’habitat, de la projection de leur existence. Quand tu vis dans une banlieue ou dans un quartier pavillonnaire, cela impose une façon d’être, d’exister, de te donner à voir au monde. Par exemple, j’ai toujours observé avec intérêt les «devants» de maison. C’est un espace particulier qui se trouve entre le public et le privé, ce seuil sur lequel tu montres qui tu es ou qui tu aimerais être. Certains sont arborés et paysagés, d’autres présentent des ornements ou des sculptures. Ce sont des espaces de représentation, des vitrines. Tu imposes publiquement une image de toi. Cette démonstration est très politique.
GM : Il est aussi question d’économie parallèle dans ton travail? De troc, de réseau d’approvisionnement parallèle...
WA : La transformation et l’utilisation du déchet ont toujours fait partie de ma manière de produire. Quand j’habitais Cholet, mon atelier était à côté d’une décharge industrielle. Je récupérais des matériaux, les manipulais, les bricolais. L’économie parallèle est permanente dans mon travail. Les gens m’intéressent, j’aime travailler avec les autres. Par exemple, j’ai collaboré avec un potier qui, dans son rapport aux choses, était assez proche de moi. Ensemble nous surproduisions. Lui comme moi n’aurions jamais pu faire seul ce qu’on a fait ensemble. J’ai aussi travaillé avec des ramasseurs de champignons, des gens du bâtiment. On vient de la même couche sociale, on parle la même langue. Et ça me permet d’aller plus loin. Quand ça marche et qu’il y a de la confiance, cette matière peut produire des choses incroyables.
GM : Et l’économie de tes projets...
WA : J’aime m’appuyer sur des économies alternatives. Ces économies de trocs, d’échanges, de partages qui appellent le langage, se discutent, avec tout ce travail de rencontres. Le troc vient après. Assez naturellement, tu sais ce dont ont besoin les gens. Pour les Concrete Gardens, j’adoptais un rapport plus immédiat quand je récupérais des sculptures dans les jardins: j’allais directement proposer d’échanger une vieille statue contre une nouvelle, ou contre des cartouches de cigarettes, des bouteilles de whisky. C’était un peu radical parce que c’est justement le deal qui m’intéressait.
Expositions personnelles (sélection)
2022
À venir:
Adelaïde, du 25 juin au 30 octobre, Frac Paca - plateau perspectives, commissaire d'exposition: Muriel Enjalran
2020
So Much Depends Upon a Red Wheel Barrow, Atlantis Lumière, Marseille
2017
Light Boiled Like Liquid Soap, Palais de Tokyo Paris, commissaire d'exposition: Setra Adam-Couralet
2016
Light Boiled Like Liquid Soap, Fogo Islet Arts, Canada, commissaires d'exposition: Nicolaus Schafhausen et Alexetra McIntosh
2014
Between, the Tree et Seeing It, Les Églises, Centre d'Art Contemporain de Chelles, Chelles
2013
L'Intranquillité, Centre d'Art Passerelle, Brest
Reconstruction of a Monument II, Village Royal, Paris
Matériologique, Fondation d'Entreprise Ricard, Paris, commissaire d'exposition: Zoë Gray
Le Splendid, Parc Saint Léger, Centre d'art contemporain, Pogues-les-Eaux
Second skin III, Maison du Barreau, Paris
2012
Yellow River, Bugada & Cargnel, Paris
2010
Second Skin, L'Antenne du Plateau, FRAC Île-de-France, Paris
2009
Killed in Action (Case Study Houses), Bugada & Cargnel, Paris
Wilfrid Almendra, - Go, FRAC des Pays de la Loire, Carquefou
Wilfrid Almendra - & Return, Zoo Galerie, Nantes
2008
Or Something Like That, Maison du livre, de l'image et du son François Mitterret, Villeurbanne
Jungle Composite, La Chapelle des Calvairiennes, Mayenne
Cuts Across the Let, Bugada & Cargnel, Paris
2007
Goodbye Sunny Dreams, Buy-Sellf Art Club, Marseille
Watercolors, Le Gret Atelier, École Supérieure d'Art, Clermont Ferret
2006
Rock Garden, FRAC-Collection Aquitaine, Bordeaux
2005
De natura, Centre d'Art Contemporain de Meymac, Meymac
Expositions de groupe (sélection)
2017
Résonnance, Frac Pays de la Loire hors les murs, Le musée de la Reine-Bérengère, Le Mans
Maison Modèle, Frac Basse Normetie Hors-les-Murs, Radar, Caen
2016
Flatlet / abstractions narratives #1, MRAC, Sérignan, France, commissaires d'exposition: Marianne Derrien et Sarah Ihler Meyer
L'Esprit du Bauhaus, Musée des Arts décoratifs, Paris, France, commissaires d'exposition: Olivier Gabet et Mathieu Mercier
Festival Vis à Vis, Paris, commissaires d'exposition: Bright Lights. Big Cities
2015
La Chapelle Fifteen, La Chapelle des Calvairiennes, Mayenne
Yes to all, Treize, Paris
Weterer Above the Sea of Fog, Galerie Bugada & Cargnel, Paris
2014
The Other Sight, Contemporary Art Center, Vilnius
Let's Play, part of Playtime, Les Ateliers de Rennes, Biennale d'art contemporain, Galerie du cloître, Rennes
48°28'39"N 2°12'47"E, Les pierres se battent entre elles, Auvers-Saint-Georges, commissaires d’expositions: Emmanuelle Day et Allison Somers
The Brancusi Effect - The Archival Impulse, Kunsthalle Wien, Wien, commissaires d'exposition: Vanessa Joan Müller et Nicolaus Schafhausen
Festival des Arts éphémères, Parc de Maison Blanche, Marseille Parapanorama, Palais de Tokyo, Paris, commissaire d'exposition: Gaël Charbau
L'écho / Ce qui sépare, Hab Galerie, Nantes
2013
Des corps compétents (la modification), Villa Arson, Nice
Résidence secondaire, MAMO Audi talents awards, Marseille, commissaire d'exposition: Gaël Charbeau
Archeologia, FRAC Bretagne, Rennes, commissaire d'exposition: 40mcube
Vue d'en haut, Centre Pompidou, Metz, commissaire d'exposition: Angela Lampe
De belles sculptures contemporaines, Œuvres de la collection du FRAC Pays de la Loire, Hab Galerie, Nantes
This is (not) music, La Friche de la Belle de Mai, Marseille, commissaire d'exposition: Richard Leydier
Steel et Freedom, Otto Zoo, Milan, commissaire d'exposition: Lara Pan Châteaux Secrets, l'île des Embiez Fieldwork, Marfa, Texas
La dernière vague, La Friche de la Belle de Mai, Marseille, commissaire d'exposition: Richard Leydier
2012
Skyscraper: Art et Architecture Against Gravity, Museum of Contemporary Art, Chicago
Prestige : Fantasmagories de notre temps, Palais d'exposition du Centre culturel de communication de Klaipeda, Lituania, commissaire d'exposition: Julia Cistiakova
#11 The Flesh, Lage, Berlin
Rob Pruitt's Flea Market, La Monnaie, Paris
10'000 Hours., On Craftsmanship, Mastery et Failure in Art, Kunstmuseum Thurgau
2011
C'est, l'amour à la plage, Musée d'art contemporain Languedoc-Roussillon, Sérignan
Making is Thinking, Witte de With, Rotterdam
Wilfrid Almendra, Philippe Cognée, Casser la baraque, Galerie Mélanie Rio, Nantes
Exquises Esquisses, FRAC des Pays de la Loire, centre Athanor, Guérete
Écoutez voir!, Centre d'Art Contemporain, Pontmain
2010
America, Deserta, Parc Saint Léger - Centre d'art contemporain, Pougues-les-Eaux, commissaires d'exposition: Étienne Bernard et Setra Patron
First Ural Industrial Biennale of Contemporary Art, National Center of Contemporary Art, Ekaterinburg
Circuit céramique à Sèvres. La scène française contemporaine, Sèvres - Cité de la céramique, Sèvres
One Man's Mess Is Another Man Masterpiece, Galerie Bugada & Cargnel, Paris
Perpetual Battles, Baibakov Art Projects, Moscou, commissaires d'exposition: Maria Baibakova, Jean-Max Colard et Kate Sutton
Ever Prosperity, Galerie Bugada & Cargnel, Paris
Retour vers le futur, CAPC, Musée d'art contemporain de Bordeaux, Bordeaux
2009
3ème Biennale d'art contemporain d'Anglet, Anglet
Shadows of Forgotten Ancestors, Galerie Bugada & Cargnel, Paris
2008
Notorious, Le Plateau, FRAC Ile-de-France, Paris
Antidote 4, La Galerie des Galeries, Paris
Zones Arides, Tucson Museum of Contemporary Art (MOCA), Tucson, commissaire d'exposition: Patrice Joly
Échelle humaine, Maison du livre, de l'image et du son, Villeurbanne, commissaires d'exposition: Galerie de multiples et Valérie Setoz
2007
XS, Fondation Ricard, Paris, commissaire d'exposition: Elisabeth Wetterwald
Série Noire, Villa Bernasconi, Genève, commissaire d'exposition: Frédéric Latherrade
Dérive - Prix fondation Ricard, Espace Paul Ricard, Paris, commissaire d'exposition: Mathieu Mercier
L'Histoire d'une décennie qui n'est pas encore nommée, Biennale de Lyon, commissaires d'exposition: Stéphanie Moisdon et Hans Ulrich Obrist
Basse déf, Centre d'art OUI, Grenoble, commissaires d'exposition: Nichoals Thély et Stéphane Sauzedde
Enlarge Your Practice, La Friche La Belle de Mai, Marseille, commissaires d'exposition: Jean-Max Colard, Claire Moulène et Mathilde Villeneuve
XS, Galerie Espace Mica, Rennes, commissaire d'exposition: Elisabeth Wetterwald
Space Oddity, Bugada & Cargnel (Cosmic Galerie), Paris
945 + 11, FRAC Aquitaine, Bordeaux Slow Life, APT Gallery, Deptford, commissaire d'exposition: Yuu Takeisha
2006
Zones Arides, Le Lieu Unique, Nantes, commissaire d'exposition: Patrice Joly
Zones Arides, Espace Paul Ricard, Paris, commissaire d'exposition: Patrice Joly
Aakey, CCC - Centre de création contemporaine, Tours
Slow Life, John Hansard Gallery, Southampton
Hradacany, la Générale, Paris, commissaires d'exposition: Alice Barbara, Yann Chateigné, David Cousinard et Thu van Tran
Buy-Sellf Art club, Marseille
Est-ce bien de l'art ?, Abbaye du Ronceray, Angers
2004
35 h, Les Laboratoires d'Aubervilliers
It's Hip To Be Square, Zoo Galerie, Nantes
Buy Sellf, atelier d'artiste, Marseille
A ciel ouvert, Centre de création, Bazouges
2003
Black Block, Palais de Tokyo, Paris